samedi 7 avril 2018

Esquennoy, 7 avril 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC
7/4/18

Maman chérie

Il parait que nous repartons demain On dit que nous allons reprendre un secteur calme. En tous cas nous ne retournons pas en ligne par ici. Comme les marionettes : « Trois petits tours et puis s’en vont ».

Je t’écris ça pour te rassurer mais pas pour te donner l’espoir d’une permission prochaine, puisque les permissions sont supprimées maintenant pour toutes les armées.

Et pourtant j’en aurait des choses à vous raconter. Cette guerre est si differente de celle que nous avons fait jusqu’à maintenant.

Une chose qui a fortement contribué à maintenant le moral des poilus, c’est qu’on pouvait vivre sur le pays, dans des villages completement abandonnés et deja bombardés qui pourraient passer d’une minute à l’autre aux mains des boches. On vivait de volailles et de lapins, on tuait même des veaux et des cochons, on buvait du vin bouché… Tout ce qu’il faut pour se donner du cœur au ventre.

Je suis toujours très heureux dans mon vieux 2ème Bataillon où revivent les bonnes traditions d’autrefois, si bien des figures ont changés.

Bien tendrement
Jean