jeudi 14 décembre 2017

Willer-sur-Thur, 14 décembre 1917 – Jean à sa sœur

14/12/17
            Ma chère Suzon 

            Aujourd’hui c’est à toi que j’écris. C’est la moindre des choses puisque cette lettre t’arrivera probablement le jour de ta fête…. Ça ne m’arrive pas si souvent de me rappeler d’un anniversaire. Inutile de te parler de mes vœux pour toi, ton mari et tes chers petits. Vous êtes tous si melés à ma vie malgré la distance.
            Pendant que j’y pense remercie maman pour son chandaï ; j’ai oublié de le faire dans ma dernière carte. Il m’a pourtant fait grand plaisir. Il est parfait. Les chocolats ont été croqués avec enthousiasme par Le Gall et moi. (Le Gall est un de mes meilleurs camarades du 132e que j’ai eu la joie de revoir un de ces jours[1]).
            Rien de bien nouveau si ce n’est que nous changeons de home. L’Infanterie remonte de quelques kilomètres dans la vallée, et s’installe dans le berceau même de notre famille [donc à Wesserling][2].

JMO de la 56ème D.I. – 10 décembre 1917

            Ce changement presente un avantage ; il nous rapproche beaucoup du 132. L’inconvenient c’est la separation d’avec [Albert] Dartigue dont le voisinage était epatant. Mais il n’y a pas de regrets à avoir : [Albert] Dartigue quitte son foyer pour devenir directeur regional. Il va circuler sur le front tout entier de 2 armées.
            Au revoir, ma chère Suzon, encore bonne fête.
Très tendrement à toi et à vous tous 

Jean

[1] Sûrement le 2 décembre, lors de sa visite à « un village voisin ».
[2] Berceau est d’ailleurs inapproprié : André-Chrétien Leenhardt (1744-1813) et sa famille y ont passé quelques années, mais ils n’en étaient pas originaires, et n’y ont pas fait souche, puisqu’ils se sont ensuite installés à Montpellier.