dimanche 17 septembre 2017

Willer-sur-Thur, 17 septembre 1917 – Jean à sa mère

17/9/17
            Maman chérie 

            Tes lettres du 11 et 13 m’ont beaucoup interessé. Je prevoyais un peu la demission d’Hugo. Voilà pourquoi : Avant-hier quelqu’un dit à table comme on parlait de Cette : « A propos de Cette, le consul général de Suède à Cette a été fiché à la porte, je l’ai vu sur le journal. » Sur le moment j’ai été consterné et un peu absent de la conversation. Mais je me suis vite calmé. Reflexion faite je me suis convaincu que le Cte [René] Récopé de Tilly, qui avait donné ce renseignement s’était trompé, que puisqu’il avait confondu vice-consul avec consul général, il avait pu confondre, lisant cette nouvelle très hativement et sans interet, « donner sa démission » avec « être remercié ». Malheureusement, je n’ai pas pu trouver l’ « Echo de Paris » en question comme quoi les nouvelles peuvent être transformées en passant de bouche en bouche[1].
            En somme malgré tout ce que pourra dire la Suède par la suite, Hugo a bien fait de donner sa demission. Comme consul il est agent non du peuple suédois, mais du gouvernement suédois. Le gouvernement suédois ne peut vraiment pas sortir très blanc de cette affaire.
L'Echo de Paris du 12 septembre 1917
Source : Gallica

            Quand au sacrifice, j’espère qu’il ne sera que materiel. On ne peut pas empecher Hugo de rentrer dans son pays parcequ’il a donné sa démission de consul ; si la Suède se mettait en guerre, ce serait autre chose ; mais Dieu merci, nous n’en sommes pas là.
            Après cette vive émotion, j’ai profité de l’auto pour aller en ligne, et j’ai fait un très interessant tour de secteur. Je n’avais pu dejeuner avec le capitaine Favatier, comme je l’espérais, mais je l’ai vu en passant. Hier matin, culte de J. [Jean] Monnier à Th [Thann]. Le Colonel avait invité Mr [Jules] Scheurer à dejeuner avec nous. Il a été interessant et émouvant. Le soir j’ai fait une très agréable promenade à cheval avec le capitaine [René] Recopé [de Tilly] et le colonel [Maurel].
Tendrement à toi 

J. Médard

[1] L’Echo de Paris, numérisé, est disponible sur Gallica. A partir du 10 septembre 1917, plusieurs articles y sont consacrés à l’affaire suédoise, mais leur consultation n’a pas permis de retrouver l’entrefilet informant de la démission (ou du limogeage) d’Hugo Ekelund. Tous les autres journaux consultés mentionnent bien une démission.