mercredi 9 août 2017

Mittlach, 9 août 1917 – Jean à sa mère

9/8/17
            Maman chérie 

            Après être resté quelques jours sans lettres de toi, j’en ai reçu 3 d’un coup hier. Je finis par croire que ton pays de villegiature vaut mieux que le mien. Ici c’est incontestablement plus beau que la Lozère, mais il pleut trop. Je comprends que tu desires être à Cette au moment des couches de Suzon. Hugo doit-il s’absenter à ce moment là ? Il me semble le comprendre d’après ta lettre. Na doit être très drole. D’après ce que tu me racontes elle doit être beaucoup developpée depuis ma dernière permission. Son vocabulaire surtout a du serieusement s’enrichir.
A gauche, le capitaine médecin-chef, Marius Faussié,
à droite le lieutenant gestionnaire Gasque, devant l'abri de l'ambulance.
Source : collection Rémy Jaeglé
           Pour changer il pleut.
         Hier il faisait beau j’ai essayé de faire un peu de peinture, mais je n’ai fait que des saletés.       

       Ce matin je retourne dejeuner à l’ambulance. Le médecin-chef, docteur Faussié[1] est un meridional pur-sang, extremement amusant, avec un accent et des reflexions à mettre en conserve dans un phonographe. Il est là depuis 2 ans et il a admirablement aménagé son ambulance. C’est un milieu hospitalier et gai.





Extrait d'une lettre d'Hervé Leenhardt (cousin issu de germain de Jean) à ses parents.
Document communiqué par Cyril Leenhardt, son petit-neveu.
« Nous avons fait aujourd’hui un déjeuner en musique. Nous avions comme hôte le Cdt de Médard et le chef de l’Hôpital où Pierre Benoit a été amené blessé (Ce toubib est un méridional qui galège assez bien, avec l’accent nécessaire. Il prétend entre autres traits, qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que notre vin contienne une grande quantité d’alcool, car l’eau, dans notre pays, prise à la Fontaine, titre déjà 4 degrés). En l’honneur de ces hôtes la musique a joué divers morceaux. »
N.B. - Hervé Leenhardt écrit cette lettre le 8 août 1917. Le repas décrit ici n'est donc pas celui que Jean annonce à sa mère.

Source : collections BDIC
Très tendrement

Jean


[1] Jean écrit "Fossier", mais l’orthographe correcte est Faussié. Cf. le très évocateur article de Rémy Jaeglé sur la popote de l'ambulance de Mittlach (pages  46 à 55 du PDF).