samedi 6 mai 2017

Sète, 6 mai 1917 – Mathilde à son fils

Cette le 6 Mai 1917
            Mon enfant chéri 

            Je viens de finir [mot illisible] en lisant quelques passages à Suzie la brochure du capitaine [André] Cornet-Auquier, j’en suis toute remuée, profondément impressionnée. C’est sublime – comme je voudrais arriver aussi au vrai stoïcisme chrétien qu’il admire chez ses parents et qui est pour lui le vrai réconfort….. Que c’est beau cette phrase…. Nous ne mourons pas pour des dictatures vagues et pour des mots vides de sens, nous mourons pour des sentiments nous mourons par amour, par affection, par tendresse…. et cet homme n’est plus pour cette vie.
            C’est dimanche, le jour consacré à la vie de famille et c’est une journée tjours lourde pour moi. Je demande à Dieu qu’elle te soit facile. Comme tu es laconique ! N’as-tu pas le temps de donner quelques impressions ? N’as-tu pas le courage ? Comment est pour toi le capitaine Guilhaumon ? Est-ce un excellent chef ? Es-tu encore au repos pour un temps ?
            Voici le soleil qui fait une apparition après des journées, une semaine d’absence ; il pleuvait encore très fort ce matin. J’ai été au temple puis chez Dollard. Je vais sortir toute seulette avec Elna. Hugo a eu un petit abcès sous un oncle du pied qui l’a tenu hier à la maison et aujourd’hui aussi sans doute.
            Nous parlerons de toi toutes deux. Elle joint tjours ses petites mains avec ferveur à l’ouï de ton nom. Une lettre d’Alice, elle s’ennuie beaucoup et demande de tes nouvelles.
            Il me semble que tu es bien dans les honneurs mon brave chéri. Toujours choisi par tes chefs. Cela ne m’étonne pas. N’as-tu pas eu de citation cette fois ? La mort du commandant [Rivals] a sans doute empêché.
            Tu dois être bien anxieux au sujet de Westphal. Ne sait-on encore rien ? et [Albert] Léo ? Je vais écrire à Melle [Léo] Viguier.
            Avec toi de tout mon cœur. 

Ta maman