jeudi 12 janvier 2017

Sète, 12 janvier 1917 – Mathilde à Jean

Villa de Suède le 12 Janvier 1917

            Mon chéri grand !  

            Grande déception ce soir en rentrant de ne pas avoir « ma lettre ». Si tu étais en première ligne je serais bien inquiète mais vrai, je ne m’explique pas ; ta dernière lettre date de huit jours, de Jeudi dernier 4 et ns sommes à Vendredi 12. Que se passe-t-il ?
            Ici rien de saillant evidemment. Je suis sortie pr faire quelques courses et voir Mme Néri [Louise Jalabert ép. Néri Julien] très préoccupée de la santé de son mari et aussi de l’héritage de sa mère [Sophie Arjelas, ép. Ferdinand Jalabert]. (Celui de la tienne te donnera moins de souci.) Elle n’a pu s’occuper de rien devant rentrer en hâte pr coucher Mr Néri [Julien] qui n’a plus quitté son lit.
            J’ai appris chez elle que tante Anna attendait demain sa nièce Suzanne Egg [née Schwebel] et ses trois enfants. Elle a tante Berthe [Mazade, veuve Marc Benoît]. Je me demande comment elle s’arrangera pr loger tout ce monde.
            Pauvre Suzanne, j’appréhende ce revoir.
            Je vais te faire une confidence que tu ne laisseras transpirer sous aucun prétexte. Je crois bien que tu seras, en fin d’été, oncle pr la seconde fois ! ta sœur supporte vaillamment ces premières misères qui en sont de vraies, mais elle a des nausées qui ne laissent pas de doute sur son état. Elle est à plaindre de souffrir ainsi.
            Hugo [Ekelund] n’en mène pas plus large. Il a un entraxe qui commence et il est assez mal entrain.
            Ns avons le déménagement qui tombe en un mauvais moment mais à la grace de Dieu.
            Qu’il te garde.
            Je t’aime et t’embrasse de tout mon cœur en te recommandant à Notre Père de toute [mot illisible]. 

Ta maman