mercredi 25 janvier 2017

Le Pont, Saulchery (Aisne), 25 janvier 1917 – Jean à sa mère

25/1/17
            Maman chérie 

            Je ne te gâte pas tous ces jours-ci. C’est assez difficile d’écrire. Notre temps est très pris, et, pendant les moments de repos je suis mal installé pour me mettre devant une feuille de papier à lettre. La grande maison que nous occupons le commandant [Rivals] le capitaine [Candillon] et moi est inhabité d’habitude et très froide. Il ne sert à rien d’y allumer du feu pour une demi-heure.
            Il reste la salle de popote, qui, elle, est très chaude, mais où le calme est loin de régner. Les propriétaires, leurs enfants, Lucien, sa femme qui est venu le rejoindre, Ouvier qui aide Lucien et Kiki qui revient de la ville voisine avec une musette pleine à éclater. C’est toujours le même petit type extremement debrouillard et drole, la même tête de gnome.
            Avant-hier nous avons été passés en revue par nos generaux. Il fallait traverser la ville de G. [K.G. anonymisé par l’auteur du blog]. Ce dernier a eu un veritable succès tout le long du chemin : tiens K. ! Eh ! K., etc.
            Le soir ns étions tous reunis autour du commandant Rivals, pour un de ces geuletons monstres dont le 2ème bataillon à le secret. Ce fut très gai et très bruyant.
            Hier exercice comme toujours. Temps extremement froid et sec, beau soleil d’hiver.
            Il y a quelque chose qui me fait rever ds la salle à manger où je t’écris ce matin c’est un buffet qui est la copie conforme du notre. Je te plainds bien d’avoir à faire tant de caisses et de paquets. C’est une vraie corvée.
            Dis à Na que Pam l’embrasse bien.
Tendrement à vous. 

Jean