dimanche 4 décembre 2016

Sète, 4 décembre 1916 – Mathilde à son fils

Villa de Suède le 4 Xbre 1916

            Naturellement puisque je m’installe pr t’écrire, Na grimpe sur mes genoux pr en faire autant et il ne m’est pas permis de me recueillir avec un tyran pareil et prtant j’ai à te dire ma joie du moment.
            Deux lettres m’arrivent à la fois datées des 28 et 29. Joie de te sentir un peu à l’abri bien qu’à l’heure actuelle il n’en soit surement plus aussi vrai ; te lisant je vois que les heures n’ont point marché et que j’en suis à ce moment même où tu me parles de ta terrible vie. Je tache d’esperer encore que l’on te laissera dans cette relative tranquillité. Je fais tous les efforts possibles pr vivre au jour le jour. Mais malgré cet [mot illisible] de philosophie, les heures terribles arrivent à leur tour et me trouvent toujours bien misérable.
            Suis-je si loin de Notre Père moi qui voudrais vivre en communion constante avec lui ? Ce moment où le moral n’est pas haut. Les heures sont bien douloureuses.
            Puisque tu es ravitaillé garde mon petit saucisson pr plus tard et dis moi si je dois t envoyer des provisions.
            Ta lettre du 28 a donc mis 4 jours à venir celle du 29, cinq. C’est long, à Marseille je recevais en trois jours.
            Je viens de voir Mr Caffarel enfin et lui ai expliqué les choses que je ne pouvais déménager deux fois, il l’a très bien compris et m’a dit de prendre mon temps. Sans sa fille il n’aurait jamais osé me demander de quitter. Nous sommes là, ne trouvant rien, absolument rien. Suzie est navrée de devoir s’installer en ville à cause de son diable de fille et Hugo très difficile sur la situation, l’exposition de l’immeuble

 [feuillet manquant]

que tu as besoin d eclaircissement, je verrai à l’arrivée à Montpellier.
            Est-ce la 5e Cie qui a tant été eprouvée au dernier sejour en 1ère ligne ?