samedi 17 décembre 2016

Sète, 17 décembre 1916 – Mathilde à son fils

Villa de Suède le 17 Xbre 1916 

            Quel calme Dimanche mon bien aimé ! Hugo est descendu sur les quais et ns sommes là, Suzie, Mr Corteel, bebé et moi presque sans parler. Que nous dirions nous qui ne fut trop triste ! Mr Corteel l’est profondément, il perd son dernier espoir de voir sa chère femme au nombre des évacués de Lille. Une amie plus heureuse lui écrit que les noms sont sortis au sort et que son nom a elle n’a pas été de ceux là. Il est navrant.
            Ns lisons un peu. Je travaille avec ardeur à un passe montagne ayant appris bien tard que mon filleul n’en avait pas, si je l’avais su, je lui aurai envoyé le tien et je t’en aurais fait un plus confortable.
            Arrive à l’instant ta lettre du 12 ; je pense que tu t’es trompé et qu’elle est du 13, car j’en ai eu hier une du 12. Te voilà encore dans ces barraquements où tu n’as pas un lit, je pense ? mais c’est le repos, c’est bon tout de même et j’en suis plus heureuse que toi.
Comme il me tarde de savoir si c’est le vrai repos si vous ne remontez pas ou si vs n’allez pas où ça chauffe le plus en ce moment.
Ns avons fêté à midi les 22 ans de Suzie. Je lui ai donné un joli sac à main dont elle avait besoin. Son mari de l’argent. Elle a profité de sa belle humeur pr se faire rendre ou lui enlever plutôt dans son portefeuille une somme qu’elle avait reçu pr son mariage de différents côtés et qu’ayant eu en depot il ne voulait plus rendre ou croyait avoir rendu. Bébé a donné ses caresses qu’elle ne marchande pas.
Je me réjouis bcoup de l’arrivée au régiment du capitaine Candillon. J’espère que ce pourra être pr toi un ami. Ce qui m’ennuyait dans ton retour à la 5ème c’est ton contact journalier avec G. et contact forcé. Il sra tjours le même mais tu pourras voir bcoup le capitaine, j’espère que vos grades ne vs sépareront pas trop.
Ta citation, je veux la connaître. Es-tu têtu ?
Parle moi un peu longuement de ta vie au repos. Tu sais combien tous les détails m’interessent.
Je ne veux pas parler de la Noël, il n y en aura pas pour moi. Mr Corteel s en va voir son cousin, je lui donne vite ces lignes et te quitte donc en t’embrassant avec ma tendresse immense. 

Ta mère