samedi 17 décembre 2016

Sète, 17 décembre 1916 – Mathilde à son fils

Cette le 17 Décembre 1916
            Mon bien aimé Jean 

            J’ai eu ce matin ta carte du 15 et au moment où je la lisais tu étais loin bien bien loin de là.
            Tu as de nouveau passé des nuits à grelotter et il faut que je me dise que tout cela n’est encore rien !
            Mon Dieu, mon Dieu que de courage il faut a une maman mon chéri : quelle souffrance nous est demandée. Comment aller jusqu au bout de tout cela ! et ce n’est pas t en donner beaucoup à toi, du courage, à toi qui en a tant besoin que de gémir ainsi !
            Je voudrais te distraire en te racontant de l interessant. Ce sera désormais difficile. Je ne sors pas et ne veux pas sortir. C’est plus facile de vivre entre mes deux filles chéries.
            Hugo est arrivé de Paris un peu las de ces deux nuits successives en chemin de fer. Il m’a trouvée installée ici à peu près. Je n’y ai fait aucune allusion, lui non plus mais il a trouvé je crois la chose la plus naturelle du monde. Il est très bon et affectueux.
            Na a toujours une petite figure de fouine mais elle va très bien et a retrouvé tout son entrain. La nounou est parfaite et voilà tout ici est calme, calme oh ! combien calme à côté de ta vie que je voudrais partager.
            Je viens d’aller à la maison au déclin du jour pour chercher une chose nécessaire à Suzie et j’ai longuement regardé cette étoile brillante que ns avons admirée un soir en remontant tous deux. Il me semblait que tu la regardais aussi et que nous étions plus près l un de l autre. Nous sommes aussi près que peut le permettre cette horrible separation n’est-ce pas ? et tu sens bien que ta maman qui t’aime si profondement ne te quitte pas un instant du jour pas un instant.
            Il faut un vent terrible mais pas très froid ; il pleuvait à Paris.
            Demande moi vite tout le nécessaire. Veux-tu un plastron chaud ?
            Je t’écris dans la véranda un beau clair de lune m’éclaire cette lune que tu vois aussi.
            Je t envoie à travers l’espace toute mon infinie tendresse.

Ta mère affectionnée
Math P Médard