mercredi 21 septembre 2016

Vers le front de Somme, 21 septembre 1916 – Jean à sa mère

21-6-16
 ?
14

[Sous la date du jour, un point d’interrogation, avec 14 d'une autre encre. Visiblement, à la relecture, Jean doute de la date qu’il a notée. Mais le cachet de la poste, du 22 septembre 1916, montre que l’erreur ne porte pas sur le jour, mais sur le mois.]           

Maman cherie 

            Encore à l’arrière, pas pour longtemps. Toujours mauvais temps.
Je passe ces derniers moments de repos ds une étroite communion avec toi et tous mes bien-aimés.
C’est ça qui est plus precieux que tout, c’est ça qui compte parceque c’est éternel. C’est ce sentiment que rien ne pourrait nous separer les uns des autres ni de Dieu qui doit être notre force, maman cherie. Le devoir est beaucoup plus difficile pour toi que pour moi. Mon travail est aussi interessant que peut être celui d’un guerrier, conditions favorables, moment critique ; j’ai une section de types que j’aime bien.
Je t’embrasse, je vous embrasse tous avec une tendresse infinie.

Jean 

  
[Au revers, mot de Suzanne]

            Suis contente de pouvoir enfin de faire suivre ces lettres. Merci de ta lettre de ce matin. Je vais aller m’occuper de ton corsage. Pardon, je l’avais oublié.
            Je vous embrasse
Suzanne

            Nous allons diner ce soir chez Mr Pont. Oncle Axel [Busck] peint et se repose bien.