jeudi 14 juillet 2016

Peloton d’instruction divisionnaire, 14 juillet 1916 – Jean à sa mère

14-7-1916
            Maman chérie, 

            Nous rentrons de la classique revue du 14 Juillet, qui nous a « dematiné » un peu et qui s’est fort bien passée.
            Le gouvernement a été très genéreux et nous a offert champagne, cigares, etc.
            Hier j’ai appris ma nomination de ss-lieutenant, qui n’a pas été une surprise, puisque depuis pas mal de temps j’etais le premier à passer, au bataillon. Je ne change ni de régiment, ni de compagnie, ce qui est très appreciable ; non pas que je tienne spécialement à mon commandant de Cie, mais je garde ma section, c’est l’essentiel. Voilà.
Fiche matricule de Jean Médard
            Je ne toucherai ma solde et mon indemnité qu’à la fin du mois. D’ici là il me faudra « arroser » mes galons bon nombre de fois. C’est la tradition. Aussi je te demanderai de m’envoyer le plus vite possible une centaine de frs, pour les premiers frais, et même 200 si tu le peux, ds le cas où j’aurais l’occasion de m’acheter une tenue. Je te les rembourserai très vite, puisque je toucherai à la fin du mois près de 1100 frs. Tu vois que je fais du « chiquet ».
            Gétaz n’est malheureusement pas nommé. Il a, comme moi, le tord d’être resté longtemps loin du front. Car pour moi je passe tout à fait à l’ancienneté. Je suis nommé en même temps que des aspirants de la classe 16.
            Ce soir je suis invité à diner par le chef du 2ème bataillon, le capitaine Baudin, ainsi que tous les officiers du Bataillon, au village où cantonne le 132e.
            Demain matin, je suis invité par le capitaine commandant le peloton d’instruction.
            Tu vois que je deviens très mondain Aussi je te demanderai de m’envoyer le + tôt possible mes souliers de ville – ceux du mariage de Lucien – que je t’avais demandé, je crois.
            Je ne crois pas que le peloton dure beaucoup plus de 3 ou 4 jours encore. Que te dire de plus ? Je me reserve pour le jour de la permission, qui viendra peut-être tout de même.
Très tendrement à tous 

Jean 

            Reçu une lettre un peu triste de [Daniel] Loux ; une de [René] Cera, le peintre, qui a quitté l’hopital et rejoint de depôt de Marseille après une courte permission.