mardi 28 juin 2016

Sète, 28 juin 1916 – Mathilde à son fils

Villa de Suède ce 28 Juin 1916
            Mon fils bien aimé 

            Moi j’étais sur la côte d’azur ou je passais malgré la tristesse des cœurs, des heures d’apaisement et de paix pendant que tu étais là-bas – et cela je ne me le pardonne pas et c’est au contraire quand par un miracle nouveau de la bonté Dieu, tu étais sorti de l’enfer et au repos que j’ai eu les plus grandes angoisses. Il n’en faut pas parler – il te faut tout ton grand, ton cher, ton beau courage, que je ne dois pas faire faiblir.
            J’ai eu hier une dépêcher de Mlle Viguier pr me rassurer, ce soir une bonne lettre. Je ne puis te dire ce que je pense d elle ne trouvant pas les mots pr cela. Elle me fait rougir de honte car c’est à la vieille femme qu’elle est obligée de donner des conseils et de montrer la voie à suivre. Mon cheri quelle amie tu as là !
            Je m’attendais bien à avoir une longue lettre aujourd’hui ! Peut être as-tu du te reposer longtemps. Ce sera pour demain. Que Dieu bénisse ce sommeil et ce repos. Comme je voudrais te bercer doucement ! Melle Viguier me dit que tu vas rencontrer Westphal là-bas. Je le voudrais bien.
            Ce pauvre sergent Lefèvre, est-ce le père de 4 enfants dont tu m’as parlé ? Y a-t-il eu beaucoup de pertes dans les autres compagnies ?
            Melle Viguier me dit encore que lorsque je ne puis pas prier, je me tranquillise qu elle prie pour nous. Quelle grande âme. Comme je l’aime. Combien il me tarde d’avoir quelques details.
            Adieu pour ce soir, mon bien aimé de fils. Mes plus douces caresses avec toi. 

Ta mère aff.
Math P Médard