samedi 11 juin 2016

Sète, 11 juin 1916 – Mathilde à son fils

Villa de Suède, le 11 Juin 1916 

            Toujours dans l’ignorance de ce que tu deviens mais aujourd’hui encore cela me parait assez normal, il n’y a que trois jours que je suis sans nouvelles. C’est égal le temps me dure.
            Ns sommes allées au temple ce matin avec Suzie et pr mon compte j’ai écouté avec un peu plus d’entrain [?] que de coutume l’allocution aux catéchumènes (Vous serez mes disciples). A la sortie une tristesse m’attendait : lettres de tante Berthe à tante Anna lui disant l’état presque desespéré d’oncle Marc. Vendredi, il a pris la communion avec le pasteur et il a fait des adieux touchants demandant à nos parents de lui tendre la main pr l’aider à aller vers eux auprès de Dieu qu il aime et veut servir s il lui accorde encore des mois de vie.
            Regrets du passé, pardon à ceux qu il a offensés. J ai trouvé en revenant une carte de Berthe de Vendredi me disant cet état grave, du je crois plutôt à de l’intoxication par l’iode que de l’urémie. Ce soir Madelon m’apporte une depêche une de huit heures, disant que le mal empire une de onze où il y a légère amélioration.
            Je vais descendre pr savoir si l’on a rien reçu de nouveau chez les Benoît et je te quitte pr ecrire à tante Berthe.
            Hugo est sur son lit un peu souffrant à la suite d’une indigestion. Suzie fait force anglais avec son professeur du lycée de Lille Mr Corteel qui est un charmant homme, bien digne d’intérêt, bien bien triste. Il parait qu’il parle l’Anglais le plus correct et le plus pur un véritable Anglais dit Miss Pont.
J’espère que tu auras eu une journée de paix bienfaisante pr ta chère âme que j’aime 

Ta maman.