lundi 20 juin 2016

Marseille, 20 juin 1916 – Mathilde à son fils

Villa Svéa le 20 Juin 1916
            Mon bien aimé Jean 

            Encore à Marseille jusqu’à demain soir, je reçois en rentrant de déjeuner chez Jane Picard ta carte du 14 qui confirme mes apréhensions. Ce n’est pas moi qui affaiblirait ton beau courage ; je veux penser à tous ceux qui sont revenus de cette tourmente ! Je veux espérer, avoir confiance en Dieu vers qui j’ai fait monter tant de supplications ! Il te gardera, il te soutiendra. Tu es son enfant.
            Je puis dire sans rien forcer que je ne vis qu’avec toi, tout en dehors ne m’est rien et je me sens sans cœur pour tout ce qui n’est pas toi. Tu ne sais pas encore la mort d’oncle Marc. Je suis navré que cette peine aille te chercher là-bas. Je ne pouvais faire autrement que te la dire.
            Je voudrais vite d’envoyer des provisions mais puis-je toujours adresser au même secteur ? envoie moi vite le changement d’adresse et ne me cache rien. Pense à moi, je te l’ai dit souvent. Ne t’expose pas inutilement pour ta mère qui ne vit que pour toi.
            Je t’aime, je t’envoie un long baiser plein de mon amour. 

Ta mère affectionnée
Math P. Médard 

            Je ne sais pas. Fais à nouveau. [sic]