lundi 16 mai 2016

Saverdun, 16 mai 1916 – Mathilde à son fils

Saverdun, le 16 mai 1916
            Mon bien aimé 

            Ce  n’est point une sinécure que d’être nurse. Oncle Geo et sa femme sur le désir de cette dernière sont allés à Ussat passer une bonne journée en tête à tête, c’est naturel. Je n’ai pas eu un instant à moi. Ton oncle part Vendredi pr Montauban. Suzanne l’accompagne et je reste quelques jours pr régler les affaires de famille. Elle me demande de la remplacer encore et je ne puis refuser cela à mon brave frère. Je serai donc seule avec les trois derniers de Vendredi au mercredi 24. Mais après rien ne me retiendra. J’irai à Pamiers le Jeudi et je partirai le Samedi 27. Suzanne insiste pr me garder. Je ne puis plus. Ne lis pas ces lettres à oncle Geo si tu le vois ; déchire-la. Je vais à la gare les chercher après avoir couché les enfants et ne puis t’en dire plus long.
            Je ne sais rien de toi aujourd’hui, de Suzie pas davantage.
            Une grosse caresse. Je pense à toi tout le long du jour, tu le sais n’est ce pas ? 

Ta pauvre vieille maman