vendredi 13 mai 2016

Front de Champagne, au cantonnement, 13 mai 1916 – Jean à sa mère

13-5-16
            Maman cherie  

            Hier grosse desillusion. En rentrant du travail j’ai reçu le mot d’oncle Georges [Benoît] où il me donnait rendez-vous pour le même jour à Châlons. Il en était déjà parti à ce moment là. Nous ne serons pas au repos de nouveau avant un mois d’ici, et d’ici un mois nous avons 30 fois le temps de changer de secteur, lui ou moi. Enfin.
            Je me rejouis en tous cas de penser que tu vas le revoir quelques jours. L’avais-tu revu depuis la guerre ? Reçu ta bonne lettre du 8. Pas besoin d’argent, maintenant que le sejour aux tranchées se prolonge indéfiniment, on accumule des prêts pour le cantonnement. Hier j’ai bu le champagne au bourg voisin où je suis allé avec G., un ss-lieut. de la compagnie.
Très tendrement à toi 

Jean 

            Dis encore à oncle Georges toute ma tristesse de l’avoir manqué.