samedi 19 mars 2016

Sète, 19 mars 1916 – Mathilde à son fils

Cette le 19 mars 1916 

            Une journée de recueillement et dans les souvenirs douloureux, avant d’aller au cimetière porter une couronne que Suzon a tressée[1]. Je t’envoie ma pensée douloureusement émue et je rends grâce à Dieu de t’avoir préservé cette année si miraculeusement. Qu’il entende oh ! qu’il entende mes prières qui s’élèvent à lui tout le long du jour. Tu dois être de retour aux tranchées. Es-tu reposé ? Qu’as-tu acheté et pu te procurer. J’aimerais le savoir pr t’expédier petit à petit ce que tu n’as pas. Je viens de faire un petit paquet. Hélas c’est si peu. Un petit filet de cochon, un plum kake un peu de chocolat. Dans le prochain veux-tu du lait concentré au cacao. Peux-tu faire chauffer ?


Source : Victoria University of Wellington Library

            J’ai été au temple avec Suzie ce matin. Le texte : Tu es à moi. Rien de prenant ni de consolant. A la sortie j’ai trouvé Mme Frisch qui m’attendait et avec Suzie et Hugo ns l’avons raccompagnée à bord du beau navire Hopital de la Nelle Zelande (le New Zealand)






Source : Victoria University of Wellington Library
     C’est magnifiquement compris grandissement et admirablement construit. Tout le perfectionnement possible dans la chirurgie et la medecine. Tout est ripoliné en blanc. Les appareils étincelants ne sont jamais touchés par des mains non aseptisées ; des pédales font tout maneuvrer ! C’est splendide. Un monde d’infirmiers soldats et de gentilles infirmières  va vient. Au milieu de salles immenses remplies de files de lits perfectionnés se mouvant automatiquement pr eviter le roulis.    
          Ns sommes rentrés tard. Après le déjeuner chacun a été à ce qui l’attendait ou l’occupait. Le thé vient de ns réunir et nos pensées ont été réunies vers toi. Je vais faire la course  projetée. Il fait mauvais. Quel temps as-tu. Dis ns la distance qui sépare ton cantonnement de la tranchée.
            Mme Bergeron m’a repété ce qu’elle m’avait déjà dit sur la mort de Jacques Loux. As-tu su ce qu’il en était ? Une sentinelle lui a demandé le mot de passe. Il portait un ordre. A t  il répondu trop faiblement. On n a pas entendu sa reponse. On a fait feu et il est tombé. C’est atroce. C’est plus horrible que de l’avoir su tué par l’ennemi. C’est la guerre !! et il faut accepter. On a à peine le droit de pleurer. Suzie m’accompagne et m’appelle. Bien vite je te quitte avec un bon, un long baiser que tu dois sentir mon enfant bien aimé. 

Ta mère aff.
Math P Médard

[1] Jour anniversaire de la mort soudaine de Pierre Médard, son mari, en 1900.