mardi 8 mars 2016

Front de Champagne, tranchée, 8 mars 1916 – Jean à sa mère

8-3-16
            Maman chérie  

            Je ne puis comprendre que tu restes si longtemps sans lettres, et j’en suis navré. Enfin, il vaut peut-être mieux que tu ne t’habitue pas à recevoir chaque jour une lettre dès le debut. Oui, ça me fait une drole d’impression de savoir la maison organisée autrement. Il me tarde de venir voir. Mais ce sera de toute façon dans longtemps, très longtemps. Les permissions sont suspendues depuis mon arrivée. Il faut compter au moins sur 5 mois. Beaucoup n’ont pas eu encore leur 2ème permission. Vie toujours calme. Travail physique. Ce matin soleil radieux, ciel bleu, avions. Pas besoin de mouchoirs. Ne t’inquiète pas. Je ne souffre ni physiquement ni moralement. Physique : on se fait vite à cette nouvelle vie très saine. Je dors beaucoup. Presque 10 heures. Moralement  je pense très peu mais assez sainement, je crois. Au fond je vivote. Mais il faut ça de temps de temps.
Tendrement 

Jean