dimanche 28 février 2016

Front de Champagne, 28 février 1916 – Jean à sa sœur Suzanne Ekelund

28-2-16
            Ma chère Suzon 

            Mes cartes sont laconiques, je n’y donne que des details sur ma vie, je ne parle pas de vous et pourtant vous remplissez ma pensée. Je suis tellement content de sentir maman chez toi !
            Tout ce que je dis sur la sécurité du secteur aux tranchées et au cantonnement est absolument exact ; ce n’est pas pour rassurer que je le dis. C’est un privilège alors que ça chauffe tellement autre part. Il n’est pas dit que ça ne change pas, mais il n’est pas dit non plus que ça change vite. Je ne cache non plus rien du moral. Vraiment je ne souffre pas du tout ; il y aurait mauvaise grace à souffrir.
            Tu as eu encore bien des émotions avec ta petite chérie. La peine et la joie d’être mère ! Tu ne renoncerais pas à la joie pour eviter la peine. Je pense beaucoup à ma delicieuse fillieule. Je vous embrasse toi, elle et Hugo avec toute ma tendresse de frère.

Jean