jeudi 10 décembre 2015

Châtelaudren, 10 décembre 1915 – Jean à sa mère

Châtelaudren 10 Decembre 1915
            Maman cherie 

            Ma première pensée en arrivant ici est pour toi. Je n’ai encore vu personne et n’ai aucune idée sur la date du depart. Un bon voyage a terminé ces bonnes journées de paix et d’intimité. Hier matin je suis arrivé à Paris avec 2 heures de retard. J’ai pu quand même laisser mes affaires à la fac et courrir rue de Trévise pour prendre rendez-vous avec tous les amis. Dejeuner à la faculté presidé par Madame [Suzanne] Monnier, toujours aussi gentille, table bien vide. J’ai manqué de trois jours [Edmond] Mercier, et de 2 jours [Charles] Grauss en permission. Après dejeuner j’ai courru ches les W. [Wilfred] Monod avec qui j’ai encore pu passer une bonne heure. De là, rue de la Faisanderie, j’ai été reçu avec une cordialité qui m’a touché, suis resté assez longtemps. Elle [Aline Ménard-Dorian, une tante de Jean] m’a embrassé en me disant adieu et m’a donné des « pastilles à la kola ». Tu seras contente. De la à au cercle des etudiants où j’ai passé la soirée avec plusieurs amis reunis par Mlle [Léo] Viguier, [Roger] Jézéquel, Charles Westphal, [Frank] Suan, Mlle Kellermann etc. Diner à la faculté. A la gare Montparnasse j’ai encore trouvé Mlle Viguier toujours fidèle, et me voici, encore un peu abruti par le voyage.
Je t’embrasse tendrement 

Jean

Comment va oncle Charles [Scheydt] ? J’ai toujours devant les yeux le sourire de la petite.