mercredi 30 septembre 2015

Automne 1915 – Mort de Pierre Benoît

Pierre Benoît

Pierre devait mourir à son tour un mois plus tard dans un hôpital de Gérardmer, où sa mère et ses sœurs étaient venues le rejoindre. La mort de ces deux cousins [Pierre Benoît et Maurice Beau], auxquels j’étais très attaché, celle de tant d’autres, le souvenir des heures très dures passées aux Eparges et à l’hôpital, tout cela pèse sur moi. J’aime la vie et je vais avoir à affronter de nouveau les menaces précises et renouvelées de la mort. Pourtant je ne supporterai pas longtemps la vie de l’arrière, où l’on ne parle décidemment pas le même langage  que nous, où l’on ne comprend pas, où l’on s’installe dans l’existence comme s’il n’y avait pas la guerre. Je relis souvent Job dont les protestations et les questions angoissées correspondent assez bien à mon état spirituel.  

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)