mardi 2 juin 2015

Chambéry, 2 juin 1915 – Jean à sa mère

Chambery, 2 Juin 1915
Maman cherie

Tout est pret pour ton arrivée. Mme Depuiboube t’a trouvé une chambre tout près de l’hopital, et tu n’auras qu’à donner ce que tu voudras au type à qui tu la sous-loue.
Elle te prendra chez elle pour les repas. Si tu peux nous donner à l’avance l’heure et le jour de ton arrivée, elle viendra te prendre à la gare.
Ce qui est ennuyeux c’est que la même toux que celle de Verdun me reprend. Et le major après auscultation sérieuse et vu des crachats trouve des traces d’infection sans gravité mais qui m’enchaînent pour longtemps au lit et exigent de grands ménagements. Ce qui m’étonnait toujours à Verdun c’est que mon major de l’hop. y traitait cette toux de laryngite, alors que je sentais que les granulations venaient de profond, que leur gout etrange m’écœurait et leur couleur de pus m’étonnait. Tu vois qu’il y a encore bien des petites misères avant la guérison, mais l’idée de ton arrivée me fait oublier ces petites misères et vraiment je ne pense plus qu’à la joie du revoir.
A bientôt cette joie

Jean