jeudi 7 mai 2015

Sète, 7 mai 1915 – Mathilde à son fils

Cette le 7 mai 1915

            Ma main me fait mal j’ai du rhumatisme probablement et aussi une veine très enflée. Je ne pourrais pas écrire longuement mais je ne pouvais pas me passer de le faire c’est devenu une nécessité. J’ai reçu ce matin ta carte du 3, rien hier. J’espère que tu as aussi ma lettre tous les jours. Que je suis contente que tu n’aies plus de croûtes sur la tête, mais comme cela a été long à partir. N’as-tu plus rien sur le corps ? et te remplumes-tu un peu ? j’espérais que tu avais pu déjà commencer à lire, je suis effrayée pour toi de la longueur des heures et dans chaque carte tu parles d’une quinzaine pr être évacué ! cela s allonge donc toujours ? Et cette toux voilà je me donne encore du souci. Dure-t-elle depuis mon départ ?
            Toujours des masses de lettres à répondre, je n’en vois pas la fin et fais cela le soir en rentrant.
            Hier en te quittant ns avons eu la visite de Mme E. [Edouard] Julien [née Louise Baillif], de tante Anna et de ses filles. Il pleuvait, elles sont restés l’après-midi et cela a bien été.
            Aujourd’hui Mme Néri [Jeanne Jalabert, épouse de Néri Julien] est venue ns aider à coudre pr le bébé et je me hâte avant sept heures.
            Je n’ai pas là l’adresse de Mme Cahier, mais je te l’enverrai demain le mieux si tu le veux est que j’écrive pr toi, je le ferai demain.
            Mme Bourguel m’a écrit ce matin. Nvelle lettre a repondre, elle ne me dit rien de Pierre, je pense donc qu’il est à l’abri.
            Hugo est tjours tout a fait absorbé nous ne le voyons qu’un instant au repas. Les prisonniers déchargent ses navires [Hugo travaillait pour la compagnie de navigation de son oncle Axel Busck].
            Madou Armand écrit qu elle va arriver après le 15 cela me fait rester quelque temps de plus à maison pr y coucher je ne le regrette pas ; j’aime aussi ma solitude quand elle n’est pas trop accentuée et je pense à toi tout le temps
            Je ne me sens pas encore de retourner à l’Hôpital.
            Mme Batailler [née Marie Julien, fille de Néri Julien et Jeanne Jalabert, épouse du docteur Adrien Batailler] me fait proposer d'écrire au major Soubeiran qui est à Verdun d’obtenir pr toi l’évacuation dans le midi, j’ai remercié, je crains que trop de démarches nuisent à celles qui sont faites. Qu’en dis-tu ?
            Je ne puis écrire davantage je souffre un peu. Je t’embrasse mon grand aimé de fils avec ma tendresse profonde

Ta mère
Math P Médard

Merci à Mr Krug d’être si fidèle. A-t-il reçu ma lettre ?
Ma lettre n’est pas partie hier, je ne t’écris pas aujourd’hui car je suis très occupée.