mercredi 6 mai 2015

Sète, 6 mai 1915 – Mathilde à son fils

Cette le 6 mai 1915
Mon chéri 

Rien au courrier ce matin que les mots de Mme A. Ménard Dorian, que je transcris pr te dire sa bonté. Tu dois être, à l’heure qu’il est, en possession de son précieux envoi et du coussin. Un [?]  desiré de un [?] et dont je bénis le ciel. Que de sujets de reconnaissance !! Je ne saurais jamais assez, durant toute ma vie, bénir celui de qui nous vient la délivrance, le réconfort. Que cette délivrance ne devienne pas trop vite à mes yeux une chose naturelle qui me fasse oublier de le remercier et de vivre d’une façon conforme à sa volonté. Je suis encore et toujours si loin du but.
Voici les termes de la lettre en question :
Ma chère cousine,

J’envoie quelqu’un voir votre fils à l’Hopital de Glorieux, dès que j’aurais des nouvelles bien precises je vous écrirai. Ne les attendez pas avant huit jours.
J’envoie au pauvre malade un oreiller bien doux, du raisin frais, des confitures ; et de la poudre de talc pour adoucir les plaies ; de l’eau de roses pour rafraîchir les yeux, un flacon de sels anglais qu’il respirera si l’odeur de l’hopîtal lui est pénible.
Pauvre enfant ! si je pouvais quelques chose pour lui faire du bien je serais trop heureuse.
J’ai écrit au Ministère  pour demander s’il ne serait pas possible de l’envoyer dans le midi, on ne m’a pas encore répondu et je n’ose vous donner trop d’espoir. Je suis avec vous de tout mon cœur de Gd mère angoissée.
Aline Ménard Dorian

            Cette femme est bonne vraiment et je voudrais qu elle sache combien elle me touche.
            Alice Tedal [?] écrit aussi ce matin pour avoir des nouvelles et ton adresse pour t’envoyer un paquet. Je vais lui répondre. Oncle Auguste [sans doute Auguste Margarot Mourrier, le mari d’une cousine éloignée du côté Médard]  demande des nouvelles et j’écris j’ecris jusqu’à en avoir la crampe.
            Je suis pourtant restée au lit ce matin, pr cause de purgation. J’en ai les jambes tout affaiblies et ce soir je tire encore l’aiguille pr Suzie.
            As-tu reçu son envoi de Mezat [?] ? elle ne sait aussi que faire ta petite sœur. Sa taille commence à bien s’arrondir et ns élargissons les coutures. Tout à l’heure je parlais de nos projets de compagnie avec toi ; toute attristée elle a répondu : Moi qui me berçais de l’illusion que c’est chez moi que Jean préférerait venir…
            Hugo ne sait où donner de la tête tant le travail est intense en ce moment. Il rentre a des heures indues et repart de même.
            Je n’ai pas vu les Benoît ces derniers jours ; la pluie ns retient ici où il fait bon et où rien ne m’empêche de penser à toi.
            Je voudrais des détails sur ta pauvre vie. Tu es bien laconique, mais sans reproche, je comprends que tu ne peux pas.
Mes tendresses et bons baisers.

Ta maman
Math. P. Médard