jeudi 14 mai 2015

Sète, 14 mai 1915 – Mathilde à son fils

Cette le 14 Mai 1915
            Mon brave chéri 

            J’ai eu ton mot, ce matin et je suis bien heureuse mais vraiment, que tu sois si bien soigné. Tu pouvais tomber si mal et là était ma plus grande apréhension, mon gros souci.  Il faut donc être raisonnable et voir le bon côté de la chose. Peut-être le climat exceptionnel aura t il une très bonne influence sur ton état genèral. Mais cette fièvre m’ennuie beaucoup beaucoup.
            Comme Mme Depuiboube est une femme aimable. Je l’aime bien déjà de s’intéresser à notre revoir. Tu penses bien que j’y songe aussi, j attends seulement quelques jours. Je ne puis accepter son offre si aimable, mais, si elle veut bien me procurer un gîte à assez bon compte je serai bien heureuse. Remercie la bien de sa bonté.
            Tu ne me dis pas si tu es toujours couché, je le suppose. Que je suis contente que tu aies eu la visite du pasteur !
            Reçu aussi ce matin une bonne lettre de tante Elise [Elise Médard, épouse Drouillon, tante paternelle de Jean] qui fait tous les trains depuis huit jours ; je lui réponds d’arrêter son zèle. Elle me dit aussi qu’elle a eu de tes nouvelles par Aline Ménard qui s’étonne beaucoup que je n’ai pas répondu à sa lettre. J’attendais les nouvelles qu’elle me promettait et me suis empressée cette après-midi de lui répondre et de la remercier. L’as-tu fait ? Je n’ai jamais su par toi ce qu’elle t’avait envoyé ni par qui ? Dis-moi bien vite ce que tu désires que je t’envoie de mon côté ? des bannanes, des dattes ? Dis-moi surtout si tu prends des forces.
            Pour venir à toi et obtenir demi tarif il me faut une carte de l’hopîtal disant que tu es blessé et malade. j’espère qu on m’en enverra une.
            J ai été ce matin à mon Hôpital tout surprise et déçue de ne voir que des visages nouveaux. Dans l’idée de repartir vers toi, je ne reprends pas encore mon service.
            J ai appris à tante Fanny notre déception qui sera la sienne, mais je sais mon brave cheri que tu as fait l’impossible et que tu n’es pr rien dans cette grosse dèconvenue.
            J espère bien que tu auras quand même à la maison une grosse convalescence, ta longue maladie vaut bien cela.
            Ns avons passé hier une journée bien tranquille. Ns le sommes en général et travaillons beaucoup mais en ce moment les heures sont lourdes pr moi.
            Je t’embrasse mon grand aimé mille et mille fois.

Ta maman bien déçue