vendredi 22 mai 2015

Mai 1915 – Chambéry, hôpital civil du Sacré-Cœur


Ma déception ne dure pas longtemps. Je suis installé dans un hôpital confortable, de mon lit je puis contempler les Alpes et surtout je suis soigné énergiquement par un bon docteur. Dès mon arrivée il a été éclairé sur mon cas par une nouvelle vomique. Quelques jours après mon arrivée ma mère dont la déception a été vive, mais brève, comme la mienne, vient m’y rejoindre. Le docteur pense que les combats sont finis pour moi et que je devrai me soigner longtemps. Ma mère se demande si ce diagnostic doit l’inquiéter ou la réjouir. Je suis encore très faible. Quand je contemple les montagnes il me semble que je n’aurai plus jamais la force de faire même une petite ascension. Pourtant j’ai un appétit féroce et je fais de rapides progrès. 

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre) 

Source : Notre Famille