dimanche 3 mai 2015

3 mai 1915 – Albert Léo à Jean

3 mai 15
Mon cher Coco, 

Je me crois à Gourdouze. Du reste cet endroit, où je suis déjà venu est à 1200 m et la végétation y ressemble, des hêtres rapetissés par les vents froids. Quand le temps est clair on voit la Forêt Noire, la Jungfrau, comme des fantômes dorés. Je suis ravi ici, on travaille à installer des bancs/tables, on oublie la guerre, on vit en chemise, les manches relevées, on se croit à un C.J.V avec des types un peu étranges.
J’ai eu des journées très dures à monter ici par la chaleur, et hier redescendu soit disant pour le culte du Dimanche, qui n’avait pas lieu après tout.
Enfin dès dimanche prochain, ce doit commencer régulièrement.
J’espère que tu es toujours plus propre et plus fort. Tu dois te sentir revivre avec joie.
J’ai mal dormi la nuit dernière et je me sens encore abruti et peu disposé à écrire des masses. Mais si je suis flemmard, ce n’est pas au point de ne pas écrire du tout !
Au revoir, mon vieux,
Bien à toi

Léo

Je me sens décidément libéral [une tendance du protestantisme, par opposition à la tendance orthodoxe], après avoir longtemps hésité devant ce mot honni ds certaines familles.