samedi 25 avril 2015

Sète, 25 avril 1915 – Mathilde à son fils

Cette le 25 Avril 1915
Mon grand bien aimé 

C’est un Dimanche ensoleillé merveilleux tout est paisible calme autour de moi. Oh qu’il ferait bon, tout à fait bon en oubliant la guerre, si tu étais là ! C’est a la villa que je je t’écris. Alice Herrmann est venue passer la journée, ns avons parlé de toi encore de toi. Avec les Frisch qui sont venus tantôt aux nouvelles et pour la centieme fois, j’ai redit mon voyage, mon sejour, mes angoisses, ma delivrance et maintenant je viens me reposer près de toi. Je suis allée au temple ce matin, tante Anna est sortie avec moi avant la fin pr m’accompagner ; j’ai fait quelques commissions pr Suzie.
Lu en rentrant ici des lettres de chacun pleines de toi et je me reporte à Dimanche dernier que je changerais bien tout de même avec celui ci. Quelle joie en allant au temple de trouver la carte de Mr Krug, je vais l’en remercier moi-même et puis la tienne hier soir ! Oh si tu savais ce qu’elle a été pr moi, car j’étais replongée dans toutes mes angoisses. Oncle Louis m’avait laissé voir combien ton cas aurait pu être grave [Louis Médard était médecin] et j’avoue qu’à Verdun même je n’avais jamais été très alarmée par les médecins pas même autant. Après avoir vu oncle Louis, je ne me pardonnais pas de t’avoir abandonné ! et n’osais pas retourner en arrière dans la crainte de t’effrayer. Tante Fanny elle-même ne comprend pas que je t’ai laissé ainsi il n’en faut pas plus pour me rendre bien malheureuse.
Mais voilà que tu le sens et tu me rassures. Est-ce bien sur que tu t’assieds bien sur ton lit ? Tu vois bien qu’il te faut un coussin absolument et j’entends que tu le fasses porter.
Et maintenant j’attends ton évacuation avec une impatience fébrile. Tu sais que j’ai en te quittant demandé au bureau que l’on fasse l’impossible pr t’évacuer sur le midi. J’ai  cité Cette ou Marseille mais n’ai pas parlé de Montpellier. Je le regrette. On t’y accueillerait les bras ouverts. Parle nous de ta place. Comment as-tu pu ecrire toi-même ? Comment te soigne le medecin ? Il m’a promis de s’occuper de toi.
Mme Messiat vient de me demander ton adresse pr que son mari vienne te voir. Les visites ne manqueront pas et je suis heureuse que  [deux mots illisibles].

[Il est difficile de savoir si un feuillet manque ou si la lettre s'arrête là (à partir de  "Et maintenant", Mathilde a croisé les lignes, ce qui est habituellement signe que la lettre va se terminer et qu'elle ne juge pas nécessaire de prendre une nouvelle feuille).]