mercredi 5 novembre 2014

Marseille, 5 novembre 1914 – Mathilde à son fils


Villa Svea[1] 5 Novembre 1914

            Mon bien chéri, 

            Tes bonnes lignes viennent de me parvenir et je m’en veux un peu de ne pas t’avoir encore écrit mais ces deux journées passées paisiblement auprès du lit de tante Fanny n’avaient rien d’intéressant pour toi. J’avais prtant hâte de te dire ma joie de ce bon revoir. Je vis dans ce souvenir bien réconfortant et je bénis Dieu.

            J’ai su hier soir par oncle Axel que tu avais réussi ton examen. On m’engage à attendre ici tes nouvelles car tu ne vas pas moisir à Pont et tu repasseras peut-être ici ; dans ce cas je voudrais encore être là. Néanmoins si je ne reçois rien je partirai après demain probablement.
            Je vais aller déjeuner chez oncle Marc[2] pour le voir un peu et le remercier peut-être apprendrai-je là quelque chose. Tu devrais lui écrire de ton côté, quelques mots seulement. Tu sais qu’il aime ça et il a été assez bon pour nous pr lui en marquer de la reconnaissance.
            Ce serait trop beau si tu allais à Nîmes. On ne peut prtant pas tout espérer. Mais là on se verrait souvent jusqu’au départ.
            Tu as bien fait d’envoyer ton ampoule [?] à M Lafon. Le tout est de savoir si nous pourrons en avoir une autre mais enfin rien de pressé, on cherchera.
            Bonnes nouvelles de Rudy[3] ce matin ; bonnes nouvelles générales du front n’est-ce-pas ! Ce qui m’a déroutée ce matin c’est d’apprendre que Reims était à nouveau bombardé. Je croyais les Allemands chassés de ses environs.
            Einar[4] est venu déjeuner avant hier il a été tout à fait bon et filial et affectueux pour moi ; il a eu je crois beaucoup de plaisir à te connaître et paraissait très heureux de sa soirée avec toi.
            Quand te fait on la troisième piqûre ? peut-être cela te retiendra-t-il encore à Pont. Dis le moi au plus vite.
            Je n’ai rien eu de Suzie ce matin. Je vais vite leur annoncer la bonne nouvelle.
            Je t’embrasse mon grand aimé de fils très tendrement. 
 
Ta mère affectionnée
Math. P. Médard 
 
C’est Einar qui a dit à Oncle Axel de la part d’oncle Marc que tu étais reçu.

[1] Résidence marseillaise de sa sœur Fanny et de son beau-frère Axel Busck, qui était par ailleurs l’oncle de Hugo Ekelund.
[2] Marc Benoît. Frère de Mathilde.
[3] Rudy (Rudolf) Busck, fils de Fanny et Axel. Autre cousin de Jean.
[4] Einar Ekelund : frère d’Hugo Ekelund, le beau-frère de Jean. (Dans cette lettre Mathilde orthographie improprement Eynar).