mardi 9 septembre 2014

Pont-Saint-Esprit, 9 septembre 1914 – Jean à sa mère

Pont-St Esprit 9 septembre 1914
Ma chère Maman 

            Ma dernière lettre te sera arrivée bien tard. Elle est restée deux jours sans partir. Excuse.
            Depuis j’ai reçu ton paquet qui a été le très bien venu. Je n’use pas de conserve, mais le chocolat et surtout le saucisson sont inapreciables ici.
            Le Samedi soir Mr Escafit ns a aimablement invités à prendre une tasse de café.
 
Source : Mémoire des hommes - Morts pour la France
          
Le Dimanche à 10 heures je suis parti pour La paillasse reglementairement cette fois, car nous avions quartier libre. J’y ai passé une nouvelle et délicieuse journée de repos. Maintenant que j’ai cela, je me demande comment j’aurais pu vivre sans. Hier j’y suis allé diner quand je n’y vais pas Maurice vient et nous passons ensemble la soirée jusqu’à l’heure de son diner. C’est vraiment un très chic type. J’ai appris Dimanche qu’il ferait sa théologie après sa license. Par les lettres de Mr Lafon à sa famille j’ai des nouvelles de Montauban. Il parait qu’il a de bonnes nouvelles d’oncle Georges
[1]. Samuel Bost se serait marié aujourd’hui, depuis le début de la guerre sa fiancée et sa famille ne seront rien de lui. Lasbats aurait été blessé, Pierre de France
, tué. Il parait que Rey-Lescure est prisonnier et non tué.
            N’ayant pas reçu de lettre de Loux j’aimerais bien que tu me donnes un peu son contenu si tu te rappelles. Es-tu sure de l’avoir envoyée ?
            Il serait peut-être gentil d’ecrire à Mme Lafon pour la remercier de ce qu’elle fait pour moi. Son adresse est La Paillasse par Pont-St-Esprit.
            Ce qu’on va faire de nous, je n’en sais rien. Il se peut que nous partions d’ici 20 jours. Il se peut aussi que nous soyons nommés caporaux probablement pas ici.
            J’ai reçu une excellente lettre de Roger Jezequel – triste. Je pense à vous, j’essaie de réaliser un peu votre vie. Que fait Hugo a-t-il pu reprendre quelques affaires.
            Adieu ma chère Maman.

Bien tendrement à toi
J. Médard

            Quand viens-tu ? 

[1] Georges Benoît, un frère de Mathilde. Pasteur. Mobilisé comme aumônier militaire.